Voyager en Europe en 2024 : tous les changements à connaître avant de vous déplacer
Écrit par : Jean-Joseph Rivouchy
Date : 11/03/2024
Voyager en Europe : 7 choses qui changent en 2024
Comme le disait Jean dans Les Tontons Flingueurs : « Quand ça change, ça change, faut jamais se laisser démonter. » En 2024 un certain nombre de choses changent si vous souhaitez voyager en Europe. Une partie sont déjà effectives, d’autres à venir ou simplement annoncées. Nous vous aidons à y voir plus clair et à ne pas vous laisser démonter !
- Kosovo : les citoyens kosovars n’ont plus besoin de visa Schengen
- La Bulgarie et la Roumanie rejoignent partiellement l’espace Schengen
- EES : un nouveau système de contrôle aux frontières va être mis en place
- Le visa Schengen numérique utilisé pour la première fois en France
- Augmentation ou création de taxes touristiques pour certaines destinations européennes
- Une autorisation de voyage électronique pour se rendre au Royaume-Uni (ETA)
- Le montant des droits de visa Schengen en passe d’être augmenté
Kosovo : les citoyens kosovars n’ont plus besoin de visa Schengen
Depuis le 1er janvier 2024 les citoyens kosovars n’ont plus besoin de faire une demande de visa court séjour (visa Schengen) pour entrer et séjourner dans l’espace Schengen pour une durée inférieure à 90 jours sur une période de 180 jours, à condition qu’ils soient munis d’un passeport biométrique.
Ils sont ainsi désormais soumis au même régime que les citoyens des autres pays des Balkans (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine du Nord, Monténégro et Serbie) et des autres États bénéficiant de cette exemption de visa.
Pourtant le Kosovo répondait depuis 2018 aux critères fixés par la Commission européenne pour bénéficier de cette dispense de visa, notamment en termes de gestion des frontières et des migrations. La décision a tardé à venir d’une part parce que la France et les Pays-Bas, craignant de nouvelles vagues migratoires importantes, avaient jusque-là retenu leur accord, et d’autre part du fait de la situation politique particulière du Kosovo, ancienne province Serbe ayant fait sécession en 2008, dont l’indépendance n’est toujours pas reconnue ni par la Serbie, ni par cinq pays de l’Union européenne : Chypre, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et l’Espagne.
Le Kosovo, issu de l’ex-Yougoslavie, dont la capitale est Pristina, est le plus petit pays des Balkans, avec un territoire d’à peine 11.000 km2 et une population de 1,8 million d’habitants, la plus jeune d’Europe (65 des kosovars ont moins de 30 ans).
La Bulgarie et la Roumanie rejoignent partiellement l’espace Schengen
À partir du 31 mars 2024 la Bulgarie et la Roumanie seront partiellement intégrées à l’espace Schengen. Les citoyens de ces deux pays pourront pénétrer et circuler librement dans tout pays Schengen, sans contrôle aux frontières, à condition cependant qu’ils y arrivent par voie aérienne ou maritime. Cela exclut donc les frontières terrestres où ils seront toujours soumis à des contrôles.
Cette situation inédite dans l’histoire de l’espace Schengen est le fruit de négociations délicates entre ces deux pays et l’Autriche et les Pays-Bas qui s’opposaient à leur entrée dans l’espace de libre circulation européen, leur reprochant de ne pas être suffisamment rigoureux dans l’application des règles européennes de contrôle aux frontières et de demande d’asile.
La Bulgarie et la Roumanie, membres de l’Union européenne depuis le 1er janvier 2007, répondaient pourtant depuis 2011 aux critères fixés par l’Union européenne pour rejoindre l’espace Schengen. L’intégration de nouveaux pays dans l’espace Schengen requiert l’unanimité des membres, c’est pourquoi leur entrée dans cet espace était jusqu’ici bloquée par le véto autrichien.
Pour sortir de cette situation devenue intenable, l’Autriche a proposé cet accord d’intégration partielle, qualifié de « air Schengen », en échange de garanties apportées par la Bulgarie et la Roumanie aux pays Schengen, notamment sur une meilleure prise en charge des demandeurs d’asile. De son côté l’Union européenne a débloqué des moyens financiers, matériels et humains destinés à les aider à renforcer les contrôles à leurs frontières extérieures.
Il est prévu que leur intégration totale fasse l’objet de nouvelles discussions avec les pays de l’Union européenne courant 2024.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire notre article sur l’adhésion partielle de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen.
EES : un nouveau système de contrôle aux frontières va être mis en place
L’EES est un système informatique européen destiné à enregistrer, de manière automatique, les entrées et sorties des voyageurs dans l’espace Schengen. Il devrait entrer en vigueur entre fin 2024 et début 2025.
Il concerne les séjours dits courts (d’une durée de 90 jours maximum sur une période de 180 jours) des ressortissants de pays tiers, soit qui ont besoin d’un visa Schengen court séjour pour entrer et séjourner dans l’espace Schengen, soit qui en sont dispensés. L’objectif de ce nouveau système est de constituer une base de données centralisée et fiable sur les passages aux frontières des citoyens de pays tiers dans les pays utilisant ce système.
Autrement dit, les pays Schengen souhaitent pouvoir savoir, à tout moment et en effectuant une simple recherche dans leurs fichiers, si un ressortissant étranger donné séjourne ou a séjourné sur leurs territoires et à quel moment il y est entré ou en est sorti.
L’EES repose sur deux piliers, d’une part l’automatisation de certaines tâches jusqu’ici assurées par la police aux frontières et d’autre part une base de données centralisée.
En pratique le franchissement d’une frontière de l’espace Schengen se déroulera désormais en deux temps :
- Les voyageurs devront d’abord se présenter à des bornes libre-service installées dans les points de passages, soit pour enregistrer leurs données dans le système si elles n’y figurent pas déjà, soit pour un contrôle de conformité de ces données si elles y sont déjà enregistrées.
- Dans un second temps ils passeront devant un agent de la police aux frontières qui n’aura plus besoin de faire les contrôles désormais effectués automatiquement par les bornes libre-service, et pourra se consacrer pleinement à l’appréciation de leur situation pour leur accorder ou pas l’accès à l’espace Schengen.
Les données figurant dans le système seront :
- d’une part les informations contenues dans le passeport biométrique du voyageur (nom, date de naissance, photographie, numéro du passeport, etc.),
- d’autre part celles fournies par le voyageur lors de l’enregistrement dans le système via les bornes en libre-service (photographie, empreintes digitales).
Lors de chaque passage de frontière le voyageur se soumettra à un scan de son passeport, de ses empreintes digitales et de son visage. Le système vérifiera qu’il y a bien correspondance entre les données enregistrées et celles recueillies par les bornes.
La mise en place de l’EES devrait apporter un gain de temps lors du passage des frontières et, grâce à des données centralisées et sécurisées, supprimer le risque d’usurpation d’identité et de fraude aux visas.
Les données des voyageurs seront stockées dans le système durant 3 ans lorsque des entrées et sorties auront été enregistrées (à compter de la dernière sortie ou du refus d’entrée) et 5 ans dans le cas où aucune sortie n’aura été enregistrée.
Le visa Schengen numérique utilisé pour la première fois en France
La France a mis en place depuis le 1er janvier un consulat numérique dématérialisé spécifique, exclusivement dédié aux demandes de visas des participants aux Jeux de Paris : athlètes, délégations, institutionnels, journalistes, etc., soit environ 70.000 personnes.
Ainsi les personnes concernées ne devront pas passer, pour leur demande de visa, par la plateforme France-Visas qui gère habituellement les demandes de visas pour la France, mais par ce canal prioritaire qui garantira une centralisation des demandes, une homogénéité de traitement et des délais raccourcis.
La demande de visa sera jumelée à la demande d’accréditation faite par les personnes concernées auprès du comité organisateur des Jeux, qui la transmettra au consulat numérique qui en assurera le traitement.
Les demandeurs devront simplement se rendre dans une représentation française dans leur pays d’origine (ambassade ou consulat) ou le cas échéant dans les centres de visas qui leur sont rattachés, afin que leurs données biométriques (photographie et empreintes digitales) y soient collectées.
Une fois le visa émis par les autorités consulaires françaises, il sera directement intégré, sous forme dématérialisée, à leur accréditation pour les Jeux, qui leur servira donc à la fois à pénétrer sur le territoire français et dans les enceintes sportives !
Il s’agit là d’une première inédite pour la France alors que l’ensemble des pays de l’espace Schengen se sont engagés dans une démarche de numérisation des visas pour parvenir à une dématérialisation totale à l’horizon 2030.
Attention ! Cette procédure ne concerne que la « famille des Jeux », les spectateurs eux devront suivre la procédure habituelle pour obtenir un visa pour la France.
Augmentation ou création de taxes touristiques pour certaines destinations européennes
Les taxes touristiques ne sont pas un phénomène nouveau et se sont peu à peu installées dans le paysage du tourisme international, même si les voyageurs n’ont pas toujours conscience ni de leur existence, ni de leurs montants, puisqu’elles sont le plus souvent adossées à leur hébergement ou à leur transport et collectées par les professionnels de ces secteurs.
Ce qui change en 2024 c’est que certaines taxes déjà existantes vont augmenter, parfois fortement, tandis que d’autres font leur apparition, de manière visible et à grand renfort de communication, comme par exemple à Venise où les visiteurs devront désormais payer 5 EUR pour entrer dans le centre historique certains jours de l’année.
Les explications que l’on peut avancer sont, entre autres, le soutien à un secteur qui a beaucoup souffert avec la crise du COVID-19, une volonté de préserver des sites ou une nature parfois mis en péril par leur fréquentation et enfin une reprise de contrôle des flux touristiques dans des zones très fréquentées où les locations privées type Airbnb ont fait exploser les capacités d’hébergement et provoqué des afflux massifs de visiteurs. Ce phénomène a en outre provoqué de fortes hausses du marché immobilier à l’origine de difficultés à se loger pour les habitants. À cela s’ajoutent un certain nombre de nuisances devenues sources de plaintes de la population locale : bruit, problèmes de propreté et de sécurité.
Ces taxes sont le plus souvent employées pour préserver les sites, renforcer les infrastructures, aider les populations locales à se loger, etc.
Les principales nouvelles taxes :
- Venise, 5 EUR pour accéder à la vieille ville, 29 journées entre avril et mi-juillet et de 8h30 à 16h,
- Bali : taxe d’entrée de 8,80 EUR réglée à l’aéroport,
- L’entrée en vigueur de l’ETA au Royaume-Uni en 2024 implique un droit d’entrée dans le pays de 12 EUR / personne.
Les taxes déjà existantes qui augmentent de manière significative :
- Paris (forte augmentation, x 3,5, lors des Jeux de Paris),
- Amsterdam (passage de 7% à 12,5% du montant de l’hébergement),
- Barcelone (+2.75 EUR/j en 2023, +3.25 EUR/j en 2024).
Quelques exemples de destinations appliquant des taxes :
Pays :
- Allemagne (grandes villes, 5% / hébergement),
- Autriche (3% / hébergement),
- Bhutan (228 EUR/j incluant de nombreuses prestations),
- Bulgarie (1,5 EUR / nuit),
- Caraïbes (13-45 EUR / séjour),
- Croatie (1,3 EUR / nuit),
- Espagne / Baléares (4 EUR / nuit),
- Grèce (4 EUR / nuit / chambre),
- Italie (grandes villes, 3-7 EUR / nuit),
- Japon (taxe de sortie du pays : 8 EUR),
- Malaisie (4 EUR / nuit),
- Nouvelle-Zélande (taxe d’entrée : 21 EUR),
- Pays-Bas (Taxe fixe + % hébergement),
- Suisse (2,20 EUR / nuit),
- USA (% / hébergement).
Villes :
- Bruxelles (7,5 EUR / nuit),
- Budapest (4 EUR / nuit),
- 13 municipalités portugaises sur 308 dont Lisbonne, Porto, Faro (2 EUR / nuit).
Ces informations sont ici données à titre indicatif, il est conseillé de vous renseigner avant votre départ.
Une autorisation de voyage électronique pour se rendre au Royaume-Uni (ETA)
Le Royaume-Uni étant sorti de l’espace Schengen avec le BREXIT, les conditions d’accès à son territoire ont changé et changeront encore en 2024 : il faudra désormais faire une demande d’autorisation de voyage électronique ou ETA (Electronic Travel Authorization) pour se rendre en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord.
- Elle s’applique aux voyageurs dont le pays a un accord de dispense de visa avec le Royaume-Uni qui auparavant pouvaient s’y rendre sans formalités, à l’exception de la présentation d’un passeport.
Cela concerne donc, entre autres, tous les ressortissants de pays de l’Union européenne. - Elle ne concerne pas les voyageurs qui doivent faire une demande de visa pour entrer et séjourner au Royaume-Uni.
- Elle va être mise en place progressivement par groupes de pays, selon un échéancier annoncé au fil du temps :
- Depuis novembre 2023 : Qatar
- Depuis février 2024 : Bahreïn, Jordanie, Koweït, Oman, Arabie Saoudite, Émirats arabes Unis
- Autres pays : en attente d’annonce (mars 2024)
- Elle est désormais obligatoire pour entrer et séjourner en territoire britannique pour une durée inférieure à 6 mois et pour des motifs courants tels que tourisme, visite à des proches, affaires, études et formations courtes.
- Attention ! Elle peut être nécessaire pour une simple correspondance dans un aéroport britannique, en particulier en cas de changement de terminal.
- C’est une autorisation dématérialisée rattachée à votre numéro de passeport. Elle concerne donc tous les voyageurs, adultes comme enfants;
- Elle coûte £10 soit environ 12 EUR.
- Elle est valable 2 ans. Elle autorise un nombre illimité d’entrées / sorties sur le territoire britannique.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre article sur l’ETA.
Le prix du visa Schengen en passe d’être augmenté
La Commission européenne envisage une augmentation des droits de visa en 2024, du fait de l’inflation, sans avoir annoncé la date d’entrée en vigueur de ces nouveaux tarifs.
Cela concernerait les visas court séjour dits visas Schengen.
Ces droits de visa passeraient de 80 à 90 EUR pour un adulte et de 40 à 45 EUR pour un enfant, soit une hausse de 12,5%.
L’Union européenne a également proposé aux sociétés privées (TLS Contact, VFS Global, Capago, etc.) chargées de la gestion des demandes de visas pour certains pays de pouvoir augmenter leurs frais de service.
Les frais resteraient inchangés pour les prolongations de visas Schengen et les ressortissants de pays bénéficiant d’accords de facilitation de visa avec l’Union européenne.
Pour en savoir, vous pouvez lire notre article sur la grille des tarifs du visa Schengen.